Chaque fois que je passe à ce maudit carrefour, depuis un an aujourd’hui, je ne cesse de penser à Toi que je n’ai pas connu, à ta petite soeur qui ne t’attend plus, à tes parents encore un peu perdus, à tous ces gens qui ne l’ont pas cru, quand le pire est survenu !
A chaque passage, entre ce temps si court entre le feu rouge et le feu vert, je regarde en face, là où tu étais ce matin là et je me dis: « Mais pourquoi n’as tu pas trainé un peu avant de partir, pourquoi ton réveil a-t-il sonné, pourquoi n’as-tu pas fait demi tour pour chercher ta gourde que tu aurais oublié, pourquoi n’avais tu pas roulé quelques hectomètres plus tôt sur une pointe qui aurait crevé ta roue, pourquoi n’étais-je pas le premier à l’arrêt au feu en face de toi et ce camion derrière moi, qui m’aurait klaxonné parce que je ne démarrais pas« . Combien de scénarios ai-je imaginé chaque fois en pensant en ce jour de mi-été où le ciel un an après nous envoie le feu, comme pour nous dire que toute une ville brule aujourd’hui de ton absence.
2018 plus un…. 2019… Mercredi plus un … Jeudi: il n’y a que les tiens qui se sentent « moins UN« . C’est dur, on regarde le tour de France à la télévision, mais on ne te voit pas alors que tant de ceux qui te connaissaient pensaient qu’un jour tu bataillerais avec les plus grands: c’est tellement dur! Alors il y a la mémoire, il ne nous reste plus que ça qui aide les tiens parce que rien ne brule ce qu’elle contient.
Oh… Ce n’est pas un anniversaire, non, pas de bougie, même pour y voir la flamme de ta jeunesse rendre fiers tes parents, ta petite soeur, ta famille, tes copains, non, juste se souvenir et te dire que personne n’oublie, que personne ne doit pleurer, parce que tu nous l’aurais demander à tous. A moins que ce soient ces larmes qui témoignent de la joie infinie de t’avoir connu, des larmes plus chaudes que celles froides que l’on verserait de t’avoir perdu. Soit tranquille Antonin, continue de pédaler au travers de tous ces nuages, parmi leur blancheur, la nuit et les étoiles. Il y en a toujours une qui brille plus que toutes les autres et en la regardant depuis là. On se dit: « Mais que tu vas vite, qu’est-ce que tu vas vite Antonin !« .